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Le 24 avril 2024

Le virage vert et technologique de Patio Drummond

 

Fondée en 1970, Patio Drummond s'est hissée au rang de leader parmi les fabricants de produits en béton en Amérique du Nord. Cette entreprise familiale de troisième génération opère aujourd'hui dans un espace de 200 000 pieds carrés et compte une centaine d'employés. Elle conçoit et fabrique une variété de produits de béton: des dalles, des pavés, des murets, du mobilier urbain de même que des planchers destinés aux étables et porcheries. La PME de Drummondville réalise 95 % de ses ventes au Québec, le reste se répartissant entre l’Ontario, les provinces maritimes et les États-Unis.

 

Productivité

 

Depuis que Philippe Girardin et ses deux associés en ont pris les rênes en 2015, Patio Drummond a connu une métamorphose remarquable. La nouvelle direction a mis l’accent sur la diversification de la gamme de produits, ce qui a permis de doubler le chiffre d'affaires en trois ans. Cette réussite commerciale a toutefois créé une forte pression sur la production, entraînant une revue des processus. Un audit 4.0, réalisé en collaboration avec Investissement Québec, a marqué le début d’un vaste projet d'automatisation et de robotisation.

 

«L’audit a été un tournant qui a formalisé les processus et donné l’impulsion nécessaire à la transformation numérique de l’entreprise», soutient Philippe Girardin. Grâce à l'automatisation, notamment à la reconnaissance de texte pour la gestion de documents, tels que les factures et les bons de livraison, Patio Drummond a réalisé d'importants gains de productivité. La mise en place d'un nouveau système ERP, souvent une source de difficultés pour nombre d'entreprises, s'est révélée un succès!

 

«On a été accompagnés par des consultants pour choisir la solution la plus adaptée à nos besoins, explique le dirigeant. Notre ouverture d'esprit a également été déterminante. On a préféré adapter nos processus à l'outil et non l'inverse. On a moins besoin de personnalisation, et c'est préférable.»

 

L'innovation a également permis de repenser le contrôle qualité en intégrant l'imagerie 3D pour la détection rapide des défauts.

 

Une transformation à plusieurs niveaux

La démarche de transformation n’a pas seulement pris en compte les processus de production, mais aussi le bien-être et le développement des compétences des employés. L’automatisation a permis d’améliorer les conditions de travail, notamment la santé et la sécurité. «On fabrique des produits qui sont lourds. Lorsque la personne a démoulé 2 000 dalles de béton dans sa journée, c’est difficile de lui demander de faire des heures supplémentaires lors des pics de production. La fatigue augmente les risques de blessures. Les tâches de manutention étant maintenant effectuées par des robots, les employés peuvent travailler de plus longues heures pour répondre à nos besoins. Cela nous a apporté de la flexibilité sur le plan des horaires.» Cette évolution a également élargi l'accès à l'emploi à un bassin de main-d'œuvre plus diversifié, les aptitudes physiques n'étant plus un critère prédominant.

 

L'introduction de technologies avancées a suscité des inquiétudes chez les employés, non quant à la perte de leur emploi, mais plutôt quant à leur capacité d'utiliser les nouvelles machines. Les formations ont permis de dissiper les craintes. Patio Drummond a profité du Parcours Productivité Main-d’œuvre, un projet pilote d’Investissement Québec, qui a facilité l'alignement des besoins technologiques et ceux de formation, ce qui a engendré des gains de productivité significatifs.

 

«On a découvert que certaines machines étaient sous-utilisées, faute de compétences techniques et humaines suffisantes, reconnaît Philippe Girardin. Investir dans l’automatisation et la robotisation implique aussi d’investir dans la formation du personnel chargé de cet écosystème technologique.»

 

Les erreurs sont une source d'apprentissage et font partie du processus d'innovation, concède le dirigeant. Sa recommandation est de déléguer le développement technologique pour ne pas perturber les opérations courantes. « Ça ne fait que retarder l'implantation des projets. On l’a vécu quand on a voulu implanter de nouveaux tableaux de bord. On a mis beaucoup plus de temps que prévu. » Quant au choix des technologies à implanter, il recommande de se laisser guider par l'efficacité et la résolution de problèmes spécifiques, tels que la sécurité des postes de travail ou les goulots d'étranglement de production.

 

La démarche de transformation de Patio Drummond a entraîné des gains de productivité majeurs. « Ces dernières années, on a triplé notre chiffre d’affaires sans devoir doubler le nombre d’employés », se réjouit Philippe Girardin.

 

Un modèle environnemental

Patio Drummond ne se contente pas d'innover dans l'efficacité opérationnelle, elle met aussi l’environnement au cœur de ses décisions d’affaires. L’entreprise a établi un partenariat avec CarbiCrete, une entreprise issue de la recherche universitaire. «Elle a mis au point un procédé qui remplace le ciment par des résidus métallurgiques qui sont ainsi revalorisés, explique Philippe Girardin. Pour durcir le béton, on injecte ensuite du CO2 qui est séquestré dans le bloc de béton, ce qui le rend carbonégatif. On crée ainsi un produit qui est meilleur pour l’environnement.»

 

Actuellement, l'usage de la technologie CarbiCrete est limité aux blocs de béton, mais la PME envisage de l'élargir à d'autres produits. Le but est ambitieux : rendre l'ensemble de la gamme Patio Drummond aussi respectueuse de l'environnement que possible. Elle a consolidé son partenariat avec CarbiCrete en investissant plus d’un million de dollars dans une nouvelle chambre de cure, en cours de construction, qui permettra la production de 500 000 blocs de béton dès la première année.

 

L'entreprise vise plus que la réduction de l'empreinte carbone. Elle a récemment lancé une nouvelle gamme de produits composée à 40 % de matières recyclées, transformant des milliers de tonnes de déchets industriels en objets esthétiques et durables.

 

Patio Drummond montre ainsi que développement industriel et préservation environnementale peuvent aller de pair.

 

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