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Dans le contexte économique actuel empreint de volatilité et d’incertitude, comment les entreprises doivent-elles réagir? Miser sur la prudence ou, au contraire, maintenir les investissements et garder le cap sur leur plan stratégique? Comment peuvent-elles transformer ces défis en occasions d’affaires? Trois experts d’Investissement Québec font le tour de la question.

Une récession à l’horizon

Des risques planent sur l’économie mondiale, selon les données publiées par l’Economist Intelligence Unit en avril 2023. « La détérioration des liens entre la Chine, les États-Unis et l’Europe, par exemple, aura des répercussions à long terme sur les chaînes de valeur, explique Mia Homsy, vice-présidente, Main-d’œuvre et intelligence économique. Actuellement, plusieurs entreprises modifient leur chaîne d’approvisionnement; certaines songent même à relocaliser leur production en Amérique. »

En outre, 50 % des prévisionnistes estiment que les hausses récentes des taux d’intérêt provoqueront une récession, qui devrait poindre aux États-Unis dès cette année. Ainsi, malgré la résilience de l’économie mondiale, canadienne et québécoise, on se dirige vers un ralentissement.

Taux d’intérêt élevés et marché du travail serré

Les taux d’intérêt devraient demeurer à 4,5 % au Canada jusqu’à la fin de l’année. Même scénario aux États-Unis, où les taux sont de 5,25 %. « Rappelons que l’effet des taux n’est pas immédiat; il peut se répercuter jusqu’à 18 à 24 mois plus tard. Au Canada, on n'a pas encore ressenti le plein effet des premières hausses. »

Du côté du marché du travail, le taux de chômage est de 4 %, un creux historique, et le nombre de postes vacants demeure élevé, de même que le taux d’emploi.

« Au-delà de la conjoncture, il faut retenir que la cohorte des jeunes de 20 à 29 ans qui arriveront sur le marché du travail au cours des prochaines années ne suffira pas à compenser les départs à la retraite des baby-boomers. Les difficultés d’embauche et de rétention du personnel sont donc là pour rester. »

Investir maintenant ou attendre?

« Certaines entreprises investissent en innovation malgré la conjoncture, d’autres préfèrent attendre pour conserver leurs liquidités. Selon Jocelyn Beauchesne, premier vice-président, Réseau régional, la meilleure approche serait de continuer à investir : « L’économie va repartir; les entreprises doivent donc être prêtes », affirme-t-il.

Même constat du côté de François Gingras, vice-président, Investissement Québec-CRIQ : « Certaines entreprises investissent, d’autres hésitent. Le ralentissement offre pourtant une excellente occasion d’innover, notamment parce que les employés clés sont davantage disponibles. C’est un bon moment pour les faire participer à des projets d’innovation. »

Miser sur la transformation numérique

« Compte tenu des turbulences économiques, la meilleure chose à faire actuellement, c’est de mettre en place les moyens d’augmenter sa productivité et d’entreprendre sa transformation numérique. Les entreprises qui ont une maturité technologique démontrent une plus grande rentabilité », précise M^me Homsy.

François Gingras ajoute que grâce à l’automatisation, les entreprises arrivent à augmenter leur productivité et à contrer les enjeux liés à l’embauche. « Elles sont également en mesure d’améliorer leur bilan santé-sécurité au travail, en éliminant les tâches les plus dangereuses. En outre, en connectant leurs systèmes et leurs robots ensemble, elles obtiennent des données essentielles à la prise de décision ».

Se faire accompagner et mobiliser son personnel

« Le secret, c’est d’y aller une étape à la fois et de se faire accompagner, par Investissement Québec, par exemple. Il est également important de structurer ses projets et de les prioriser en fonction de ses propres critères. Il n’y a pas de recette unique », poursuit M. Gingras.

« Autre conseil : faites participer les employés qui vont utiliser la nouvelle technologie. Ce sont souvent eux qui connaissent le mieux les processus. Enfin, il est indispensable d’aligner la transformation technologique avec le plan stratégique de l’entreprise. »

Obtenir du financement

Une fois le projet de transformation bien défini, on pense au financement. « Entourez-vous d’une équipe compétente pour élaborer votre plan de financement, conseille Jocelyn Beauchesne. Impliquez rapidement votre institution financière ou les futurs investisseurs dans le processus. Ayez des discussions franches et soyez transparents. Il est important d’établir une relation de confiance avec vos partenaires financiers. »

« Établissez des prévisions pour les 12 à 24 prochains mois, en précisant les économies attendues grâce au projet de transformation. Enfin, travaillez en équipe tout au long du projet. »

Le programme Compétivert offre du financement pour vous aider à prendre le virage vert. Renseignez-vous.

Tenir compte des exigences environnementales

« Impossible de parler de transformation numérique sans parler du virage vert qui a cours actuellement, rappelle Mme Homsy. Au cours des dernières années, plus de 3 000 lois et règlements sur le climat ont été adoptés dans le monde. Les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus importants pour les investisseurs. Toutes les grandes entreprises ont pris des engagements en matière de carboneutralité, ce qui se répercutera sur les chaînes de valeur. »

Or, les entreprises québécoises tardent à réagir. « Selon un sondage réalisé en 2022, 87 % d’entre elles estiment qu’il est urgent de réduire leurs émissions de GES, mais seulement 10 % ont évalué leurs émissions réelles, déplore M. Gingras. Bonne nouvelle malgré tout : 40 % sont convaincues qu’elles doivent prendre le virage vert pour devenir un fournisseur de choix pour les grands donneurs d’ordres au Québec, au Canada et à l’étranger. »

Profiter de gains réels

Les entreprises qui améliorent leur bilan carbone, optimisent leur stratégie énergétique et cherchent des débouchés pour leurs matières résiduelles réalisent rapidement que la transition verte est payante.

Pour savoir par où commencer ou choisir les projets les plus porteurs, Investissement Québec propose le Diagnostic de performance environnementale industriel (Plan d'action en productivité durable). « Nous pouvons aider les entreprises à évaluer leur empreinte carbone et à se conformer aux normes environnementales, mentionne M. Gingras. Il ne faut donc pas hésiter à nous contacter. »

Se mettre en action!

En conclusion, il est impératif de continuer d’investir pour être en mesure de composer avec les bouleversements économiques, la transition démographique, la transformation technologique et les exigences environnementales. Pour entreprendre sa démarche; misez tout d’abord sur de petites transformations qui rapporteront gros. Le reste suivra!